La Poste - Paris 13 : Quatre jours de grève, la direction obligée de reculer06/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1682.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste - Paris 13 : Quatre jours de grève, la direction obligée de reculer

Les postiers de Paris 13, après une grève de quatre jours, viennent de faire reculer la direction sur ses projets d'aménagement du temps de travail et en imposant des créations de postes.

Le centre de Paris 13 était un des derniers sur la liste des bureaux de Paris où devait se mettre en place la loi Aubry sur les 35 heures à la mode de La Poste. En attendant cette mise en place, le personnel bénéficiait (sans pouvoir les prendre pour le moment), depuis février, d'un jour de repos compensateur par mois, l'équivalent de 12 jours par an, pour compenser le différentiel entre l'horaire théorique de 37 heures et le paiement sur la base de 35 heures.

Quand la direction a proposé de mettre le bureau " aux 35 heures ", il s'agissait en réalité de ramener l'horaire officiel à 36 heures, en déclarant qu'il y aurait 12 minutes de travail par jour en moins et donc 6 jours à récupérer par an pour compenser la différence entre 35 heures et 36. Sauf que, même si c'est le système qu'elle a mis en place pour tous les bureaux parisiens, les 12 minutes de moins apparaissaient très théoriques pour le personnel, et beaucoup avaient l'impression d'y perdre par rapport à la situation actuelle.

Mais surtout la direction voulait en profiter pour supprimer des postes dans certains secteurs et voulait mettre en place un aménagement d'horaire qui aurait amené les facteurs, dits de la piétonne, à travailler 25 % de plus le lundi. En effet la direction proposait que les facteurs travaillent sur chaque quartier à trois au lieu de quatre le lundi.

La direction pensait que son affaire passerait sans trop de problèmes, elle avait à cet effet sondé certains représentants syndicaux. Mais le personnel, lui, en a décidé autrement. Le mardi 19 septembre l'appel à la grève lancé par tous les syndicats, qui faisait écho au mécontentement ambiant, fut très suivi. Près de 150 postiers sur les 273 présents ont fait grève. Et les grévistes répliquèrent aux revendications de la direction en affirmant les leurs : en préalable à toute discussion, ils entendaient obtenir la garantie écrite qu'il n'y aurait aucune suppression d'emplois ni aucun aménagement d'horaire ni modification des conditions de travail imposées au personnel contre sa volonté. La direction générale faisait savoir qu'il était hors de question pour elle de remettre en cause le principe arrêté pour tous les bureaux de poste sur le nombre de jours accordés en application de la mise en place des 35 heures. Pour le reste elle ne disait ni oui ni non.

Du coup la grève fut reconduite le lendemain par l'assemblée générale du personnel qui réaffirma ses revendications, dont celle de la création de 20 emplois. Chaque jour la grève fut reconduite... et la direction faisait un nouveau pas supplémentaire pour tenter de calmer les grévistes. Le vendredi 22, elle lâchait l'engagement écrit demandé par les grévistes et remettait au placard son projet sur le lundi, accordait 15 emplois, la mise en place de nouveaux quartiers et payait même une partie des heures de grève. Il n'y a que sur les jours de compensation accompagnant la mise en place des 35 heures que les postiers de Paris 13 n'ont pas imposé leurs revendications.

La direction de La Poste, qui pensait pouvoir marquer des points avec ses aménagements d'horaire, a subi un revers et s'est senti obligée de lâcher du lest. Il faut dire qu'un peu partout le climat est à la grogne dans les centres postaux de Paris et des conflits sont en cours dans différents bureaux. Son objectif est de supprimer des emplois par tous les moyens mais, à force d'avancer sur ce terrain, La Poste pourrait provoquer une réaction d'ensemble que les différentes centrales syndicales n'ont malheureusement absolument ni préparée ni mise à l'ordre du jour jusqu'ici.

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