Réunion du G8 : Un sommet d'hypocrisie28/07/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/07/une-1672.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Réunion du G8 : Un sommet d'hypocrisie

Le sommet réunissant les chefs d'Etat des sept pays les plus industrialisés et la Russie s'est terminé, dimanche 23 juillet, sur une déclaration claironnant leur volonté " d'attaquer à la racine les causes des conflits et de la pauvreté ".

Les participants se sont engagés à supprimer la dette de vingt pays d'ici la fin de l'année.

Mais au précédent sommet, les mêmes avaient promis l'annulation de 100 milliards de dollars sur les 2000 milliards de dette des pays du tiers monde. A ce jour, seuls neuf milliards l'ont été.

Et tout le reste est à l'avenant. L'aide des pays riches n'a jamais été aussi faible depuis 40 ans : en France, par exemple, elle est passée, en cinq ans, de 0,64 % à 0,37 % du PIB.

Les pays pauvres versent plus d'argent à leurs créanciers qu'ils n'en reçoivent. Les intérêts les condamnent pour ainsi dire à payer à perpétuité : l'Afrique a déjà remboursé deux fois le montant de sa dette initiale, mais n'a toujours pas fini de payer ses créanciers.

Alors, tout ce cinéma du G8 n'est qu'une occasion de nous resservir des discours sur la disparition de la pauvreté, dégoulinant d'une écoeurante hypocrisie.

Pourtant, cette année, les dirigeants des pays riches ont innové : ils ont découvert " la fracture numérique " ! De quoi les pays pauvres souffrent-ils aujourd'hui ? D'un manque d'accès aux technologies de l'information. Internet améliorerait leur sort !

Tout cela fait dire à un médecin du Burkina-Faso, un des pays les plus pauvres d'Afrique, qu'il était bien d'avoir ce type d'inquiétude, mais il déplorait que l'on ne semble pas s'inquiéter que plus de 13 % des enfants meurent dans son service de pédiatrie.

Eh oui, les pays pauvres sont privés d'Internet... parce qu'ils sont privés de tout ce qui est bien plus prioritaire : d'eau potable, d'électricité, de routes, de systèmes de santé et d'éducation... Ils en sont privés parce que les pays riches les étranglent aujourd'hui, après les avoir colonisés hier ; parce qu'ils les obligent à rembourser des milliards de dollars qui, investis dans la santé, permettraient, selon un organisme de l'ONU, de sauver chaque année sept millions d'enfants, parce que leur soif de profits oblige 50 % de l'humanité à vivre avec moins de deux dollars par jour.

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